Quand le confinement nourrit l’évitement
La crise actuelle et le confinement sollicitent vos capacités d’adaptation. Alors que vous avez peut-être trouvé vos nouveaux repères, on parle de «déconfinement» . Cela peut susciter certaines appréhensions. Si rester à la maison vous permet d’éviter des situations anxiogènes, vous pourriez craindre de les affronter à nouveau. Il est important de vous questionner si l’évitement se cache derrière votre sentiment d’adaptation et de développer des stratégies pour faire face à ce que vous appréhendez.
L’évitement expérientiel
Devant la perception d’un danger, le corps se prépare à une réponse de lutte ou de fuite. Toutefois, la réaction de fuite activée par le sentiment de peur peut se déclencher même si la situation n’est pas réellement menaçante. L’évitement expérientiel se définit par toute tentative de ne pas être en contact avec ses pensées, émotions, souvenirs, sensations physiques ou autres expériences intérieures désagréables. Il prend plusieurs formes: éviter les situations sociales pour ne pas ressentir la peur du jugement des autres, éviter un endroit par crainte de vivre un malaise ou consommer de l’alcool pour ne pas ressentir de douleur, etc. L’évitement expérientiel vise à échapper aux expériences internes difficiles, mais il contribue au maintien du problème puisque vous n’apprenez pas à y faire face.
Lien entre le confinement et l’évitement
Le confinement nourrit l’évitement quand il permet de ne pas vous exposer aux situations qui créent habituellement de l’inconfort (ex.: accepter une invitation à sortir, répondre à une question en classe, faire une présentation orale, etc.). Il vous dispense de justifier votre choix de rester à la maison, puisque ce sont les consignes! Si vous anticipez vivre à nouveau certaines expériences, la période de confinement contribue peut-être à alimenter votre évitement.
Adaptation ou évitement?
L’adaptation se caractérise par la modification du comportement, afin de maintenir sa vie en relative harmonie avec les nouvelles données du milieu. Durant cette crise, vous avez utilisé vos capacités d’adaptation sur plusieurs plans (ex.: scolaire, social, financier, logement, utilisation des technologies, etc.). Vous avez peut-être développé de nouvelles habitudes de vie qui correspondent davantage à vos valeurs: vous accorder du temps pour faire du sport, prendre soin de vous, découvrir de nouveaux loisirs, etc. L’ensemble de ces comportements témoignent de votre adaptation. Voyez comment les maintenir à la sortie du confinement.
Évaluez si le confinement contribue à l’évitement expérientiel. Demandez-vous ce qui a fait diminuer momentanément votre anxiété: l’annulation des cours en classe? L’absence de présentation orale ou de situation sociale? La diminution des contacts avec votre directeur de recherche? L’allègement de votre horaire? L’atténuation des préoccupations liées à la performance ? Ciblez ainsi ce qui vous rend anxieux pour travailler sur ces éléments pour mieux vous préparer à la sortie du confinement.
Sortir grandi du confinement
«Je constate que je vis de l’anxiété en situations sociales»
Vous pouvez développer vos habiletés relationnelles, même si les situations sociales se font plus rares. Pratiquez certaines habiletés de communication non verbales comme le regard, le sourire et les expressions faciales chaque fois que vous croisez quelqu’un dans la rue. Saluez les gens tout en maintenant la distanciation physique. Si le contexte le permet, échangez quelques mots avec la personne qui travaille au dépanneur du coin, ou un autre individu que vous rencontrez lors vos déplacements essentiels. Participez à des événements offerts en ligne (5 à 7, rencontre Toastmaster, etc.).
Gardez le contact avec votre entourage. Proposez régulièrement des rencontres virtuelles à vos amis, votre famille, etc. Vous avez une équipe de recherche et vous aviez l’habitude d’avoir des réunions pour présenter l’avancement de vos recherches ? Recommencez ces rencontres de façon virtuelle. Maintenir un contact soutenu avec votre entourage vous permettra de ressentir moins de timidité lorsque vous les croiserez à nouveau dans les prochains mois. C’est la pratique qui favorise le développement et le maintien de vos habiletés à communiquer et non la fuite. Pour en apprendre davantage sur ce sujet: L’anxiété sociale ou la peur des autres.
Apprenez à gérer le trac dans les présentations orales. Vous êtes soulagé d’avoir échappé à l’exposé oral que vous deviez faire à la fin de la session? Comme vous aurez un jour à faire d’autres présentations orales, vous gagnez à mieux répondre à l’anxiété vécue lorsque vous parlez en public. Cet article vous donne quelques pistes de solutions: Le trac: comment mieux l’apprivoiser.
«Je constate que je préfère avoir un horaire moins chargé»
Songez à alléger votre horaire habituel pour maintenir un meilleur équilibre entre les études, le travail et les loisirs. Songez à réduire vos heures de travail, vos activités d’implication ou à réaménager votre temps d’étude. Faites le tri des opportunités qui s’offrent à vous en évaluant les coûts et bénéfices. Informez-vous sur la nature des tâches, estimez votre temps, demandez-vous si vous désirez vivre cette expérience, etc. Puis affirmez vos limites en apprenant à dire NON. Pour plus de stratégies: La gestion du temps.
«Je constate que je vis moins d’anxiété de performance»
La possibilité d’obtenir une mention «succès» ou «échec» a contribué à diminuer significativement votre anxiété? Est-ce en raison du retard pris ou en fonction de vos études qui riment avec performance? Visitez la section de notre site Web portant sur l’anxiété scolaire ainsi que les outils suivants: Le perfectionnisme: quand le mieux devient l’ennemi du bien et la formation interactive: La procrastination (Atelier interactif).
Conclusion
Une crise représente une rupture d’équilibre qui fait appel à vos capacités d’adaptation. Vous pouvez utiliser ce moment pour prendre du recul, réfléchir et apporter des changements à votre vie.
Références
- Fanget, F. (2000). Affirmez-vous! Pour mieux vivre avec les autres. Éditions Odile Jacob.
- Harris, R, (2017). Passez à l’ACT : pratique de la thérapie d’acceptation et d’engagement. Éditions Deboeck.
Rédigé par: Chantal Thibodeau, psychologue