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Comprendre l’éco-anxiété et les autres éco-émotions

Dans un environnement qui change, il n’y a pas de plus grand risque que de rester immobile.
Jacques Chirac

La crise climatique, l’effondrement de la biodiversité, les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles se sont intensifiés ces dernières années. Il est normal de réagir face aux changements de notre environnement. Plusieurs manifestations émotionnelles, comportementales et physiologiques peuvent indiquer que vous vivez des éco-émotions: préoccupations quant à la qualité de vie que vous aurez ou que vous lèguerez à vos proches, remises en question de vos actions individuelles en lien avec vos valeurs personnelles (ex.: «fast-fashion» versus achat de seconde main), ou encore sentir une pression à la poitrine en écoutant les actualités liées à l’environnement.

Qu’est-ce que les éco-émotions?

Peut-être avez-vous davantage entendu parler du terme éco-anxiété ou le terme éco-anxieux vous est plus familier? Il est important de souligner qu’à ce jour, il n’y a pas de consensus quant à sa définition. Les écrits tendent vers le terme éco-émotion puisqu’il est plus inclusif et représentatif des expériences vécues.

Les éco-émotions font référence aux soucis et aux préoccupations envers les changements environnementaux, qui peuvent se manifester par de la tristesse, de l’impuissance, de la peur, du découragement, de la colère, de la culpabilité, de la honte, de la trahison, ou encore de l’indifférence. Par exemple, la tristesse peut survenir lorsque vous constatez que le boisé derrière votre épicerie a été complètement rasé pour construire de nouveaux immeubles à logements. Ce sentiment peut être associé à la solastalgie. La solastalgie est l’expérience des changements négatifs de l’environnement, semblable à la nostalgie, mais vécue par quelqu’un qui est déjà chez lui et voit son lieu changer.

Le sentiment d’impuissance peut se faire ressentir lorsque vous réalisez que les décisions collectives n’ont pas une empreinte écologique suffisante. Enfin, la honte peut être ressentie lors de discussions avec vos proches lorsqu’ils tiennent des discours désuets sur l’impact des gestes écologiques (ex.: détenir 5 voitures n’a pas vraiment d’impact sur les gaz à effet de serre).

Les éco-émotions font également ressortir la coexistence de plusieurs émotions, tant agréables que désagréables. Par exemple, lors d’activités extérieures entre amis durant les vacances d’été, il est possible de ressentir de l’irritabilité et de la déception en interrompant l’activité en raison des fortes chaleurs entraînant des risques pour la santé (ex.: coup de chaleur, déshydratation). Ainsi, vivre des éco-émotions est une réponse naturelle à une menace existentielle de plus en plus perceptible et mesurable.

Certaines populations peuvent être plus à risque de vivre des éco-émotions. Les jeunes, qui devront faire face aux retombées des changements climatiques et qui ont peu de pouvoir sur les moyens pour y remédier, sont particulièrement vulnérables. De même, les personnes ayant été victimes de sinistres naturels ou témoins de la déconstruction des espaces verts peuvent éprouver plus intensément des éco-émotions. Enfin, les individus ayant une tendance à l’anxiété sont également plus susceptibles de ressentir ces émotions.

Il est toutefois important de se questionner lorsque les éco-émotions deviennent envahissantes et ont des impacts significatifs sur votre fonctionnement au quotidien.

Comment cela se manifeste?

L’exposition aux multiples sources d’information liées aux pertes de biodiversité, au réchauffement climatique et aux désastres naturels, que ce soit par le biais des médias sociaux, des rapports scientifiques ou de nos propres observations des changements environnementaux, peut nous faire vivre une myriade d’émotions négatives. De plus, cela peut nous amener à prendre conscience des défis auxquels nous sommes confrontés, individuellement et collectivement.

Les manifestations des éco-émotions sont variées et affectent plusieurs aspects du quotidien. Elles peuvent être ressenties à des degrés variables et entraîner des répercussions sur la santé physique ou psychologique.

Manifestations cognitives et émotionnelles

  • Avez-vous déjà ressenti de la peur quant aux conditions dans lesquelles pourraient grandir les générations futures?
  • Ressentez-vous de l’impuissance face aux décisions municipales, gouvernementales ou internationales concernant l’environnement?
  • Vivez-vous dans le déni face aux enjeux climatiques auxquels nous sommes confrontés?
  • Ressentez-vous de la culpabilité après avoir acheté une nouvelle garde-robe alors que ce que vous avez déjà à la maison est en bon état, mais n’est plus tendance?
  • Vous arrive-t-il d’avoir l’impression que vos actions ne sont pas en accord avec vos valeurs, comme lorsque vous prenez votre voiture pour vous rendre à votre stage en 5 minutes au lieu d’y aller à pied en 20 minutes?
  • Vous arrive-t-il de ruminer le soir sur ce que vous auriez pu faire de plus dans la journée pour préserver l’environnement?

Si vous avez répondu oui à une ou plusieurs de ces questions, il s’agit d’indicateurs que vous vivez des éco-émotions. Enfin, si vous ressentez des symptômes dépressifs tels que des pleurs, de l’isolement, un manque d’intérêt, de la fatigue ou un sentiment de désespoir, nous vous invitons à consulter une professionnelle ou un professionnel de la santé afin d’obtenir de l’aide.

Manifestations physiques

Il est possible de ressentir des sensations physiques telles que:

  • Maux de tête
  • Nausées
  • Douleurs abdominales
  • Perte d’appétit
  • Tensions musculaires
  • Manque d’énergie
  • Fatigue
  • Insomnie

Ces symptômes peuvent apparaître, surtout lorsque vous avez des manifestations cognitives et émotionnelles ou lorsque vous faites face à un flux constant d’informations négatives liées aux changements climatiques. Ces signaux physiques indiquent que vous vivez des éco-émotions qui ont un impact sur votre quotidien.

Manifestations comportementales

En raison de l’exposition répétée aux informations dans les médias, vous pourriez ressentir le besoin de vous impliquer activement dans divers engagements pour faire une différence. Cependant, ce mécanisme d’adaptation, initialement sain, peut insidieusement devenir nuisible. Par exemple, lorsque tout votre temps libre est consacré uniquement à des comités climatiques, au détriment de vos autres activités habituelles. À l’inverse, l’apathie climatique, caractérisée par une disparition marquée de l’engagement envers la cause environnementale, peut également être une conséquence qui transcende la sphère individuelle.

Vous pourriez également vivre plus de conflits avec les personnes ne partageant pas les mêmes valeurs climatiques que les vôtres, ce qui pourrait mener à des ruptures de liens sociaux (perte d’amitié, rupture amoureuse, conflit familial, etc.) et ultimement à de l’isolement.

Ces comportements peuvent causer un déséquilibre dans votre vie.

De plus, il est possible que vous preniez des décisions quant à votre style de vie influencées par les éco-émotions, comme décider de réduire le nombre de brassées de lavage à une fois par semaine. Ces décisions peuvent être réalistes dans votre quotidien, mais il est important de se questionner lorsque celles-ci deviennent trop rigides et affectent votre santé physique et psychologique. Par exemple, effectuer tous vos déplacements à pied pour le travail, malgré les distances (ex.: Montréal – Québec), afin de réduire votre empreinte écologique.

Cela peut également affecter vos choix futurs, tels que remettre fréquemment en doute vos projets en fonction des répercussions écologiques qu’ils pourraient entraîner, comme votre choix de carrière ou de fonder une famille.

Conclusion

Bien qu’il n’existe pas de stratégie unique pour remédier à la situation, nous vous invitons à consulter notre texte «Comment vivre l’éco-anxiété (et autres émotions)» pour obtenir des stratégies permettant de retrouver l’équilibre entre action engagée et santé mentale.


Références

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