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Quand les réseaux sociaux font mal

Si Internet facilite et permet des communications rapides, fluides et efficaces, il présente aussi ses côtés sombres. En effet, il est facile de négliger son interlocuteur ou d’oublier que la confidence faite sur Facebook pourrait être lue par nos 650 amis et par les incalculables amis de nos amis! Seul derrière un écran d’ordinateur, dans la quiétude de sa maison, la frontière entre le privé et le public se discerne moins facilement.

De bien tristes cas

L’histoire récente des réseaux sociaux et des sites de partage d’information comporte déjà sa liste noire de cas d’abus. YouTube, tout particulièrement, a été marqué par des histoires tragiques. Qui n’a pas entendu parler du suicide de ce jeune homme homosexuel à la suite de la diffusion d’une vidéo le montrant durant une relation sexuelle captée par la Webcam de son colocataire? Qui n’a pas été choqué d’entendre l’histoire du viol collectif d’une jeune fille filmé par ses agresseurs puis mis en ligne? Plus près de nous, dans l’intimité de nos relations sociales sur Internet, qui n’a pas déjà été blessé, choqué, surpris de se voir sur des photos, de lire des commentaires les concernant, ou d’apprendre leur propre rupture amoureuse?

Un phénomène sans précédent

En 2012, on dénombre plus de 2,1 milliards d’utilisateurs d’Internet et parmi eux, 900 millions sont abonnés à Facebook, 555 millions à Twitter, 250 millions à Google+ et 150 millions à LinkedIn. Des dizaines de milliards de photos sont répertoriées sur ces différents sites. Enfin, plus de 4 milliards de vidéos sont visionnés chaque jour sur YouTube. En quelques années, la principale utilisation d’Internet est passée des sites d’achats en ligne aux sites d’échange et de partage sur des plates-formes de réseaux sociaux du Web.

Ce qui paraît le plus original dans cette nouvelle forme de communication tient à la manière dont s’impose progressivement une nouvelle pratique relative à la notion d’espace privé et d’espace public. Il n’est pas rare de retrouver sur un mur Facebook, accessible à un grand nombre de personnes, des messages à caractère résolument privé qui auraient autrefois été adressés directement à la personne concernée.

C’est ainsi que parfois, et on pourrait même dire trop souvent, se retrouvent exposés aux yeux de tous des messages manifestement destinés à une personne. Ces situations peuvent en amuser certains, mais elles génèrent aussi leur lot de malaise, de gêne, d’agacement et de moquerie tant chez le destinataire que chez les lecteurs, devenus, malgré eux, spectateurs de cet échange.

La modération pourrait-elle avoir meilleur goût? Raconter sa vie sur Internet

Le profil affiché sur les réseaux sociaux et les différentes informations personnelles (préférences, photos, etc.) mises en ligne contribuent à écrire un récit de soi. Il n’est pas toujours facile de mesurer l’ampleur de la diffusion de cette image virtuelle et surtout d’en gérer le contenu étant donné les différentes sources de commentaires et d’informations qui viennent s’ajouter à ce qui est déjà écrit. Il est maintenant connu que cette identité virtuelle est consultée, entre autres, par les employeurs avant les entrevues d’embauche. D’ailleurs, il y a de cela quelques années, Hotmail et Messenger encourageaient de façon humoristique les personnes qui le souhaitaient à modifier cette identité virtuelle.

Toutes ces informations librement publiées sont à la source de nombreux moments agréables d’échanges entre amis, mais parfois, des informations privées concernant un individu se retrouvent sans son consentement sur l’espace public. Dans certains cas, la désinvolture avec laquelle ont été publiés des photos, des informations ou des films est déconcertante, surtout lorsque sont dévoilées les conséquences dévastatrices pour les personnes concernées.

Retour au b.a.-ba de la communication interpersonnelle

Un autre aspect des communications sur les réseaux sociaux tient à la teneur des propos. En effet, il est plus facile de dire ses 4 vérités à quelqu’un s’il n’est pas devant soi. L’autocensure du langage lors de communications en contexte naturel est plus grande que celle exercée devant l’écran de l’ordinateur. Des écarts dans le langage utilisé pour exprimer idées, commentaires ou opinions sont chose courante sur les réseaux sociaux, tant et si bien que des plaintes peuvent même être déposées à ce sujet.

La communication interpersonnelle est fondée sur l’échange entre au moins 2 personnes. Pour qu’il soit positif, cet échange doit reposer sur quelques éléments fondamentaux de la communication. Parmi ceux-ci, les principaux sont certainement l’empathie, l’ouverture d’esprit, la tolérance et une attitude positive. L’empathie est la capacité qu’a un interlocuteur de se mettre à la place de l’autre. Cette qualité favorise l’usage de diplomatie et de discernement, d’une part dans le choix des propos, et d’autre part dans le traitement des situations. L’ouverture d’esprit et la tolérance ouvrent la voie à une communication exempte de jugement. Enfin, un dernier élément fort appréciable en communication interpersonnelle est l’adoption d’une attitude positive, source de rétroactions saines et constructives.

Le savoir-vivre: un art en voie de disparition?

Dans la vie de tous les jours, on convient assez facilement d’un code de savoir-vivre. Le discernement nous permet de juger de ce qu’on peut dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire. Ces attitudes et comportements sont modulés par les valeurs, d’une part, et par l’éducation, d’autre part, mais aussi par l’approbation ou la désapprobation sociale qui peut être immédiate en situation de communication, disons en face à face. Par exemple, ridiculiser quelqu’un devant les autres, faire une mauvaise blague, trahir une confidence pourra créer, au moins chez quelques spectateurs de la scène, suffisamment de malaise, voire de commentaires, pour générer une autocensure sociale.

En situation de communication virtuelle, il arrive souvent que cette autocensure se perde, rendant ainsi les échanges empreints d’une rudesse qui ne serait pas survenue en dehors de ce cadre. Sur les réseaux sociaux, l’empathie est la clé d’une communication saine et respectueuse tout simplement parce qu’elle permet de rester conscient qu’il y a un humain derrière l’écran, une personne habitée par des sentiments et des émotions. Cette capacité nous incite également à ne pas perdre de vue que certains sujets sont du domaine privé et d’autres, du domaine public. Il importe de savoir reconnaître où tracer la ligne. Plusieurs situations de la vie méritent encore et toujours un contact réel entre les personnes. Plus la situation est délicate, plus il devient pertinent de privilégier le contact réel.

Empathie: mode d’emploi

Quelques règles de base s’appliquent donc aux communications virtuelles:

  • Le respect de l’espace privé et de la confidence. Il existe des espaces prévus à cette fin sur les réseaux sociaux;
  • De façon à éviter une situation embarrassante, l’espace public ne devrait pas servir à diffuser des informations générales, des nouvelles ou des photos relatives à une tierce personne;
  • Lorsque vous refusez une demande d’ajout comme ami, prenez le temps de saluer cette personne et de lui expliquer que vous réservez cet espace à quelques intimes seulement;
  • De même, quand vous décidez d’effacer des messages ou des identifications en lien avec des photos, prenez soin d’aviser les personnes concernées de ce grand ménage afin que votre geste soit bien interprété;
  • Souvenez-vous qu’il est toujours délicat de créer des listes de meilleurs amis. Si cela est très valorisant pour les personnes qui s’y retrouvent, cela peut être très dévalorisant pour celles qui en sont exclues;
  • Enfin, l’espace public des réseaux sociaux ne devrait jamais servir à résoudre des situations délicates.

Et quand ça dérape, que faire?

Il n’est plus rare de constater sur les réseaux sociaux les écarts de langage qui vont de la simple mauvaise blague à l’intimidation, la diffamation, le vol d’identité, voire les menaces. Heureusement, ces derniers cas sont des abus plutôt rares, mais lorsqu’on en est victime, il devient essentiel de rapporter ces comportements aux gestionnaires du site utilisé. En principe, ces comportements ne sont pas acceptés.

Lorsque la sécurité d’une personne peut être menacée, il est alors important d’aviser les autorités policières compétentes afin que des actions soient prises. Chaque personne qui écrit sur un site d’échange est responsable de ce qu’elle publie et des recours peuvent être pris lorsque les limites de l’acceptable sont outrepassées.

Conclusion

Les réseaux sociaux et les sites de partage d’information sont désormais des incontournables dans l’établissement et le maintien de relations sociales. Leur intégration récente et massive dans la vie quotidienne appelle à un ajustement des pratiques de communication afin que ces outils continuent d’avoir une valeur ajoutée pour celles et ceux qui les utilisent. Le respect de soi et des autres ainsi que l’empathie demeurent des clés pour une communication saine et non violente, tant en face à face que sur un espace virtuel.


Références

  • Marshall, Rosenberg, Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs): introduction à la communication non violente, Edition La découverte.

Sur internet

Rédigé par: Martine Coulombe, M.Ps., psychologue

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